Noir et bien corsé
Ce matin-là chez Madame C, j'arrive plutôt fatiguée. Mon bébé n'a pas dormi, je n'ai pas fermé l'oeil non plus, et pourtant il a fallu s'extirper du lit à 06h30 pour être à 08h précises chez ma première petite dame. Ma chère Madame C qui se soucie toujours de savoir comment vont "les gosses".
A peine ai-je mis un pied dans sa cuisine qu'elle voit immédiatement mon piètre état. Après m'avoir donné quelques conseils pour le sommeil de mon bébé "je me souviens que pour ma fille le docteur m'avait donné un sirop pour la faire dormir" (mais qu'était-ce donc............), elle m'ordonne de ne pas me tuer à la tâche aujourd'hui. "Ne lavez pas le sol ! c'est propre! et c'est dimanche en plus!".
Une fois la vaisselle étincelante et le balai passé dans toute la maisonnée, Madame C me demande de venir m'asseoir près d'elle pour me reposer et discuter un peu.
"Et faîtes-vous un café !"
Je refuse poliment, toujours un peu gênée d'être payée à papoter autour d'une tasse.
"Mais enfin! faîtes-vous un café ! vous êtes fatiguée, c'est normal vous savez, je m'souviens de ce que c'était quand je gardais les gosses du Docteur. Ah j'en ai bavé! Allez, quelque chose de fort, ça va vous requinquer, ça va vous faire du bien, FAITES VOUS UN CAFE ! "
Elle m'indique où trouver le précieux remontant, des dosettes iophilisées à diluer.
"Vous allez voir, vous allez tenir la journée."
Un peu résignée et ne voulant surtout pas vexer celle qui me veut tant de bien, je lance la bouilloire et j'ouvre le placard. Je me saisis des dosettes, en ouvre une, quand mes yeux se posent sur les inscriptions du paquet : Décaféiné.
Etouffant un fou rire, je verse l'eau chaude dans ma tasse, m'asseois sur le lit de Madame C et lui confirme ses espoirs :en quelques gorgées, je me sens déjà requinquée...